« On pensait que c’était une petite chapelle un peu perdue »

Engloutie par la végétation, une église du XVᵉ siècle refait surface

À quelques centaines de mètres du centre du bourg de Trélissac (Dordogne), une bâtisse ancienne avait sombré dans l’oubli. Discrète, à demi-cachée par les ronces et le lierre, on la prenait pour « une petite chapelle un peu perdue ». Et pourtant : il s’agit de l’église Notre‑Dame de l’Assomption de Trélissac, un édifice gothique flamboyant du XVᵉ siècle que la commune a engagé dans un vaste programme de réhabilitation.


Un joyau architectural oublié

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Construite au XVᵉ siècle sur les ruines d’un édifice antérieur dédié à saint Eustache ou Chamassy, cette église est un bel exemple de l’architecture religieuse tardive en Périgord .
On y découvre un clocher-porche menant à une nef de deux travées ouvrant sur un chœur pentagonal, ainsi que des chapelles latérales et surtout des « colonnes torsadées » remarquables pour le département de la Dordogne.
En 1860, l’église fut remaniée sous la direction de l’architecte diocésain Paul Abadie (célèbre notamment pour la basilique du Sacré-Cœur) lorsque le domaine voisin de château Magne entreprit d’étendre ses terres.


L’abandon et la renaissance

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Suite au déplacement du village en 1869 — à l’initiative du propriétaire Alfred Magne — l’église perdit sa fonction paroissiale et tomba dans l’oubli.
La végétation, les intempéries et l’absence d’entretien la laissèrent se dégrader : la toiture s’effondra, les voûtes menacèrent de suivre. L’édifice fut néanmoins inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 3 décembre 2004.

En 2009, la mairie de Trélissac acquit l’église pour un euro symbolique pour lancer sa restauration.
En avril 2024, l’église fut lauréate de la collecte nationale de la Fondation du Patrimoine pour le patrimoine religieux en péril, ce qui a permis de lever d’ores et déjà plusieurs dizaines de milliers d’euros de dons et subventions. (fondation-patrimoine.org)


Le chantier aujourd’hui

Depuis septembre 2025, la première tranche des travaux est lancée. L’objectif : dégager la végétation envahissante, sécuriser les voûtes, installer une toiture provisoire afin de stopper la dégradation de la pierre .
Le coût estimé pour cette phase et les suivantes s’élève à environ 1 million d’euros. La mairie souhaite d’ores et déjà donner à l’édifice une nouvelle vocation – non plus seulement religieuse – mais culturelle et touristique. Une voie verte, toute proche, pourrait relier l’édifice au centre-bourg et en faire un pôle d’exposition, de concerts ou de visite.


Pourquoi cette restauration est importante

  • Cette église constitue un témoin rare de l’architecture gothique flamboyante en Périgord, avec des éléments uniques dans la région comme les colonnes hélicoïdales.
  • Elle est chargée d’histoire locale : de la guerre de Cent Ans à la Révolution.
  • Elle illustre un enjeu national : la préservation du patrimoine des communes rurales face à l’abandon et à la végétation.
  • Et elle ouvre vers une reconversion intelligente : redonner vie à un lieu oublié et le transformer en espace vivant pour les habitants et visiteurs.

Ce qu’il reste à faire

Le chantier ne fait que commencer : plusieurs phases de restauration sont prévues, tant sur la structure que sur l’aménagement intérieur et la mise en accessibilité.
Les besoins en mécénat et subventions restent élevés. Les dons sont encouragés (avec aussi des avantages fiscaux pour les contributeurs).


« On pensait que c’était une petite chapelle un peu perdue », se souvient un intervenant local. En réalité, c’était une église d’une véritable ampleur, enfouie sous des décennies d’oubli, qui renait aujourd’hui. Grâce à la mobilisation locale et à une vision patrimoniale renouvelée, l’ancienne église Notre-Dame de l’Assomption de Trélissac pourrait bien devenir un symbole de renaissance – non seulement pour la commune mais pour le patrimoine rural français.

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