Le 01 juin 2025 à 20h30, modifié le 02 juin 2025 à 15h27
Dans le Golfe du Morbihan, trouver un logement pour la saison est devenu un défi pour de nombreux saisonniers : loyers élevés, manque d’offres, concurrence avec le tourisme. Pour certains, la seule solution est de transformer leur fourgon ou van en résidence mobile. Portraits, chiffres, contraintes, pistes d’amélioration — voici le tableau complet d’une situation qui s’étire d’été en été.
📉 Des chiffres alarmants
- Le territoire de Golfe du Morbihan – Vannes Agglomération accueille environ 4 800 saisonniers chaque année.
- Selon une étude de MDP Consulting (2020-2021), réalisée auprès de 1 214 employeurs couvrant 34 communes, il manquait alors 240 lits pour les saisonniers dans cinq communes du Golfe.
- Un sondage a montré que 65 % des employeurs indiquent des difficultés de recrutement liées directement au manque de logement disponible pour les travailleurs saisonniers.
Ces chiffres illustrent une tension sévère : la demande en hébergement temporaire dépasse largement l’offre, surtout à l’approche de l’été.
🛣️ Récits de vie sur quatre roues
Pierre, saisonnier arrivé à Vannes pour un CDD de quatre mois, raconte son été : faute d’appartement abordable, il a vécu dans son van. Commencé par un camping sauvage, son hébergement se termine dans un camping acceptant les saisonniers. Il n’est pas seul.
D’autres témoignent de contraintes quotidiennes : chaleur, stationnement incertain, absence d’eau courante ou d’électricité, impossibilité de laver le linge facilement, ou encore d’usage des douches publiques. Le van devient refuge, mais aussi laboratoire de débrouille.
⚖️ Cadre légal et contraintes
Le stationnement
- Le Code de la route autorise, en théorie, le stationnement d’un camping-car ou van aménagé (véhicule de type M1) sur une place publique, à condition de ne pas gêner la circulation ou enfreindre les règles locales.
- Toutefois, la durée maximale autorisée sans renouveler le stationnement dans le même lieu est souvent fixée à 7 jours consécutifs, sauf arrêté municipal plus restrictif.
Le camping sauvage et règlementation
- Le camping sauvage est strictement réglementé. Il est interdit autour de certains espaces comme les captages d’eau, les réserves naturelles ou les zones classées.
- De plus, certains maires ou communes imposent des arrêtés qui interdisent explicitement la nuit dans des véhicules aménagés dans certaines zones. Il faut donc bien se renseigner avant de s’installer. (TF1 INFO)
🔨 Les initiatives locales pour soulager la crise
Plusieurs mesures ont été adoptées ou proposées pour améliorer la situation :
- Guichet unique emploi-logement mis en place par Golfe du Morbihan Vannes Agglomération pour faciliter la mise en relation employeurs-saisonniers et hébergeurs.
- Une plateforme Pôle Emploi Bretagne recense depuis 2023 plus de 1 000 places de logements saisonniers dans près de 60 lieux en Bretagne, dont des offres proches de Vannes.
- Le plan d’action de l’agglomération pour créer des “bases de vie” ou des logements saisonniers dédiés dans des communes littorales comme Sarzeau ou Arzon. (gref-bretagne.com)
💡 Enjeux humains et pistes de solution
- Dignité et confort : dormir dans un van n’est pas une vie de vacances. Pour beaucoup, c’est une mesure provisoire, remplie d’inconforts mais nécessaire.
- Mobilité et coût : les coûts de carburant, d’entretien, et les difficultés de stationnement alourdissent le budget des personnes qui ont déjà souvent des salaires modestes.
- Besoin d’infrastructures : mise à disposition d’aires de stationnement aménagées, accès à l’eau, sanitaires, électricité — ces services pourraient améliorer nettement la situation.
- Dialogue territorial : les mairies, l’agglomération, les employeurs et les associations locales doivent coopérer pour anticiper les besoins. Le logement saisonnier doit être intégré dans le programme local de l’habitat. (letelegramme.fr)
📍 Une situation qui reflète un défi national
- Dans toute la France, on estime à 1,5 million le nombre total de saisonniers. Parmi eux, 400 000 environ rencontreraient des difficultés majeures pour trouver un hébergement proche de leur lieu de travail. (RMC)
- Le manque de logements adapte, de solutions temporaires ou d’hébergement de courte durée est devenu un obstacle sérieux à l’emploi, au maintien d’activités touristiques ou agricoles dans les territoires attractifs. (France Travail)
🧭 En conclusion
Vivre dans un van aménagé, c’est pour beaucoup de saisonniers du Golfe du Morbihan une question de survie : faute de mieux, c’est le toit le moins coûteux. Mais cette situation, bien que temporaire dans l’esprit de certains, révèle une vraie crise du logement local.
Les initiatives existent, mais pour être réellement efficaces, elles doivent être à la fois rapides, coordonnées et durables. Il ne s’agira pas seulement de trouver un lit, mais de garantir la dignité, l’accès aux services, et de rendre possible une saison sans sacrifier sa vie quotidienne.