L’eau potable devient une ressource de plus en plus rare. Pourtant, chaque jour, une grande partie de l’eau que nous utilisons à la maison — pour arroser, nettoyer ou tirer la chasse d’eau — n’a pas besoin d’être potable.
La récupération et la filtration de l’eau de pluie s’imposent alors comme une solution écologique, économique et intelligente. Mais comment filtrer correctement cette eau avant de l’utiliser dans la maison ? Voici le guide complet pour tout comprendre et bien s’équiper.
🌧️ Pourquoi filtrer l’eau de pluie ?

L’eau de pluie, avant même d’arriver dans votre citerne, traverse le toit et les gouttières.
En chemin, elle se charge de feuilles, poussières, excréments d’oiseaux, polluants atmosphériques ou encore de résidus de toiture.
Sans filtration, cette eau devient vite trouble, colorée, voire malodorante — inutilisable, même pour un usage technique.
Filtrer l’eau de pluie permet donc de :
- éliminer les impuretés organiques et minérales,
- prolonger la durée de vie de la pompe et de la citerne,
- éviter les dépôts et la corrosion,
- garantir une eau claire et inodore pour les usages domestiques.
🏠 Les principales étapes du filtrage de l’eau de pluie
Un bon système de récupération d’eau de pluie comprend plusieurs niveaux de filtration, depuis le toit jusqu’aux appareils ménagers.
1. Collecter une eau propre dès le départ
Tout commence au niveau du toit.
Presque tous les types de toitures peuvent collecter l’eau de pluie, mais il faut éviter les matériaux contenant de l’amiante, du plomb ou du zinc, susceptibles de contaminer l’eau.
Les gouttières et tuyaux de descente dirigent ensuite l’eau vers une citerne de stockage, généralement en béton (qui neutralise l’acidité naturelle de la pluie) ou en matière synthétique.

💡 Pour une famille de 4 personnes, une citerne de 5 000 litres est en général suffisante pour alimenter les toilettes, le lave-linge et un robinet extérieur.
2. Installer un préfiltre avant la citerne
Avant que l’eau n’entre dans la citerne, elle doit passer par un préfiltre autonettoyant, qui retient les plus gros débris (feuilles, insectes, sable, poussières…).
Il existe plusieurs technologies :
- Filtre en colonne (installé dans le tuyau de descente verticale) : simple mais perd environ 20 % de l’eau collectée.
- Filtre à cyclone (enterré) : haute efficacité avec un rendement de 90 %, idéal pour les installations complètes.
- Filtre volumique : fonctionne comme le filtre à cyclone mais s’installe moins profondément.
🔧 Astuce : nettoyez le préfiltre une à deux fois par an pour garantir son rendement et éviter l’encrassement de la citerne.
3. Filtrage dans la citerne et au pompage
Même filtrée, l’eau peut encore contenir des particules fines.
C’est pourquoi un filtre à flotteur est recommandé : il aspire l’eau à environ 10 cm sous la surface, là où elle est la plus claire, sans aspirer les boues du fond ni les dépôts flottants.
Ensuite, l’eau est envoyée vers la maison via une pompe :
- groupe hydrophore (avec cuve de pression),
- pompe immergée,
- ou pompe à amorçage automatique.
Ces pompes doivent impérativement disposer d’un système d’arrêt automatique pour éviter de tourner à vide lorsque la citerne est vide.

4. Filtrage après la pompe (dans la maison)
Pour protéger vos appareils (WC, lave-linge, robinet extérieur), un filtre mécanique supplémentaire est recommandé.
Il élimine les particules fines restantes :
- 15 à 20 microns pour les toilettes,
- 1 à 9 microns pour le lave-linge ou un usage plus précis.
Ce filtrage “de finition” garantit une eau claire et sans dépôt dans les conduites.
⚙️ Gérer le trop-plein et les périodes de sécheresse
Une citerne bien conçue doit être équipée :
- d’un trop-plein pour évacuer l’eau excédentaire lors des fortes pluies,
- d’un système d’infiltration dans le sol (pour recharger la nappe phréatique),
- d’un clapet anti-retour pour éviter tout reflux d’égouts,
- et d’un détecteur de niveau pour prévenir les manques d’eau.
En cas de sécheresse prolongée, la citerne peut être remplie manuellement avec de l’eau courante, sans jamais relier directement les deux réseaux (afin d’éviter toute contamination).
🚫 L’eau de pluie n’est pas potable
Même parfaitement filtrée, l’eau de pluie ne doit pas être utilisée pour boire, cuisiner …
Elle n’est pas contrôlée en permanence et peut contenir des micro-organismes pathogènes invisibles à l’œil nu.
Son usage se limite donc à :
- l’arrosage du jardin,
- le lavage des sols,
- les toilettes,
- le lave-linge (avec filtration adaptée),
- le nettoyage du vélo ou de la voiture.
Coût, entretien et aides financières
Le coût d’un système complet de récupération et de filtration d’eau de pluie varie entre 2 000 € et 8 000 €, selon la taille, les matériaux et la complexité de l’installation.
Les postes principaux de dépense sont :
- la citerne,
- la pompe,
- les filtres,
- et le réseau de distribution séparé.
👉 Dans certaines régions, des primes existent pour encourager l’installation (jusqu’à 1 500 € à Bruxelles et environ 500 € dans plusieurs communes françaises ou belges).
Un entretien annuel (nettoyage des filtres, contrôle de la pompe et du trop-plein) est indispensable pour garantir la qualité de l’eau et la longévité du système.
🌍 Les avantages environnementaux
Filtrer et réutiliser l’eau de pluie ne sert pas seulement à réduire sa facture d’eau.
C’est un geste fort pour l’environnement :
- moins de pression sur les stations d’épuration,
- moins de ruissellement et donc moins d’inondations,
- recharge naturelle de la nappe phréatique,
- réduction du calcaire et de l’usage de détergents.
✅ En résumé
| Étape | Rôle principal | Type de filtre |
|---|---|---|
| Toiture propre | Collecte d’eau sans polluants | – |
| Préfiltre | Retenir les gros débris | Colonne / Cyclone / Volumique |
| Citerne | Stockage et neutralisation de l’acidité | Béton ou PVC |
| Pompe + Filtre mécanique | Distribution et protection des appareils | 1–20 microns |
| Trop-plein & Infiltration | Gestion des excès d’eau | Clapet anti-retour |
🧠 À retenir :
L’eau de pluie est une ressource gratuite, mais elle doit être filtrée intelligemment pour être utile et sûre.
Avec une installation bien pensée et entretenue, vous pouvez diviser par deux votre consommation d’eau potable tout en contribuant à la protection de l’environnement.