À Bordeaux, comme dans de nombreuses villes, il n’est pas rare de voir des figuiers sauvages pousser dans les interstices des trottoirs, à la jointure entre les dalles de béton et les façades. Si ces apparitions surprennent souvent, elles ne sont pas sans conséquences pour le bâti environnant.
Comment un figuier surgit dans une fissure ?
Ce phénomène s’explique essentiellement par deux conditions favorables :
- La finesse des graines du figuier (Ficus carica) : elles sont si minuscules qu’elles peuvent pénétrer les micro-fissures du béton, où elles germent dès que l’humidité est suffisante.
- L’eau de ruissellement : sur les trottoirs, l’eau circule vers les jointures, y apportant humidité et nutriments, ce qui crée un milieu propice au développement végétal. À Bordeaux, des figuiers apparaissent précisément dans ces zones de ruissellement.
Selon Pierre-François Roy, pépiniériste, « la semence du figuier est très fine… elle peut se déposer dans les interstices les plus étroits ».
Or, être charmant pour le paysage urbain ne garantit pas que cet arbre soit inoffensif.
Quels risques pour les constructions ?
Le figuier n’est pas un arbre anodin quant à son système racinaire. Voici les principales menaces :
- Atteinte aux fondations : Les racines de figuier peuvent pénétrer ou exercer une pression sur les fondations des bâtiments, provoquant fissures et mouvements. (Chateaubriant)
- Infiltrations dans les canalisations : les racines fines cherchent l’humidité et peuvent s’introduire dans des tuyaux fissurés, les obstruer ou créer des infiltrations. (arboplus.ca)
- Soulèvement ou déformation des trottoirs et dallages : ces racines peuvent lever les dalles voisines, rendant la marche dangereuse ou fragilisant la structure des sols.
- Interdiction ou réglementation locale : à Bordeaux Métropole, la commune du Haillan a classé le figuier parmi les végétaux à proscrire en bordure de trottoirs en raison de son système racinaire envahissant. (Ville du Haillan)
Auparavant, un figuier près d’une façade pouvait sembler décoratif. Aujourd’hui, il empiète sur l’espace public, gêne le passage des poussettes, voire abîme les infrastructures.
Que faire face à cette invasion végétale ?
Voici quelques solutions possibles :
- Arracher la poussette dès l’apparition : plus l’arbre est jeune, plus il sera facile à retirer.
- Installer une barrière anti-racines : une barrière enterrée entre le trottoir et la structure peut empêcher les racines de pénétrer.
- Surveiller et tailler : limiter la croissance des racines en pratiquant une taille régulière des racines périphériques.
- Planter des végétaux moins agressifs : dans les zones urbaines, privilégier des arbres ou arbustes à racines peu invasives.
- Faire évaluer les fondations : dans les cas de proximité avec un figuier, un diagnostic structurel peut s’avérer judicieux.
Un figuier qui pousse dans une fissure de trottoir, c’est la nature qui force sa place dans le béton. Mais derrière ce spectacle charmant se cache un risque réel pour les habitations et les collectivités. Entre graines fines, ruissellements et système racinaire puissant, l’arbre peut devenir un ennemi discret du bâti urbain. Il convient donc de rester vigilant, réagir tôt, et privilégier les solutions préventives pour préserver la structure des constructions et la sécurité des usagers.
